Fiscalité & juridique

Fiscalité vente entreprise : Combien allez-vous payer d'impôts ?

Découvrez combien vous allez réellement payer d'impôts lors de la vente de votre entreprise. Par défaut, le taux d'imposition est de 30% (Flat Tax), mais des abattements peuvent réduire considérablement votre facture fiscale.
Écris par
Quentin Guenot
Vous avez passé des années à développer votre entreprise, et le moment est venu de tourner la page. Mais avant de conclure la vente, une question cruciale se pose : combien allez-vous réellement payer d'impôts sur cette cession ?

Le montant de l'impôt à payer lors de la cession de votre entreprise

Vous envisagez de vendre votre entreprise et vous vous demandez combien vous allez réellement payer d'impôts ? La réponse est directe : lors de la cession de vos parts sociales ou actions, vous serez imposé sur la plus-value réalisée, c'est-à-dire la différence entre le prix de vente et le prix d'acquisition de vos titres.

Par défaut, le taux d'imposition est de 30% via le Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU), également appelé "Flat Tax". Ce taux se décompose en 12,8% d'impôt sur le revenu et 17,2% de prélèvements sociaux.

Mais ce n'est pas une fatalité. Vous pouvez opter pour le barème progressif de l'impôt sur le revenu, ce qui vous permet, sous certaines conditions, de bénéficier d'abattements pour durée de détention pouvant réduire considérablement votre imposition. Mieux encore, si vous partez à la retraite, un abattement fixe de 500 000 € peut vous exonérer totalement ou partiellement d'impôt.

La clé ? Anticiper votre stratégie fiscale 2 à 3 ans avant la vente pour maximiser vos gains nets. Voyons en détail comment optimiser la fiscalité de votre cession d'entreprise.

Comment calculer la plus-value imposable de votre entreprise ?

La formule de base : prix de cession moins prix d'acquisition

Le calcul de votre plus-value imposable suit une logique simple :

Plus-value imposable = Prix de cession – Prix d'acquisition (ou valeur d'apport)

Le prix de cession correspond au montant effectivement reçu lors de la vente de vos titres. Vous pouvez déduire de ce montant les frais supportés lors de la cession (honoraires d'avocats, frais d'intermédiaires, etc.).

Le prix d'acquisition est le montant que vous avez payé pour acquérir ces titres, ou leur valeur d'apport si vous avez créé l'entreprise. Attention : ce prix ne peut pas être majoré de l'inflation ou d'autres indexations.

Exemple chiffré simple

Vous avez créé votre SARL en 2010 avec un apport de 10 000 €. Vous la vendez en 2025 pour 510 000 €, avec 10 000 € de frais de cession.

  • Prix de cession net : 510 000 € – 10 000 € = 500 000 €
  • Prix d'acquisition : 10 000 €
  • Plus-value imposable : 490 000 €

Cession de parts sociales vs cession de fonds de commerce

Il existe une distinction fiscale majeure :

La cession de parts sociales ou d'actions (ce qui vous concerne si vous vendez vos titres de SARL, SAS, SA) est imposée directement entre vos mains en tant que personne physique, au titre des plus-values de cession de valeurs mobilières. C'est le cas que nous traitons dans cet article.

La cession d'un fonds de commerce par la société elle-même génère une plus-value professionnelle imposée au niveau de la société (Impôt sur les Sociétés), puis une seconde imposition lors de la distribution des bénéfices aux associés. Cette double imposition rend ce schéma généralement moins avantageux.

Le choix crucial : PFU (Flat Tax) ou barème progressif ?

Le PFU à 30% : la solution par défaut

Depuis 2018, le régime fiscal de droit commun pour les plus-values de cession de titres est le Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) de 30%, réparti ainsi :

  • 12,8% d'impôt sur le revenu
  • 17,2% de prélèvements sociaux (CSG, CRDS, etc.)

Avantages du PFU :

  • Simplicité de calcul
  • Taux proportionnel, quel que soit votre niveau de revenus
  • Pas de formalité particulière

Inconvénient majeur :

  • Aucun abattement pour durée de détention ne s'applique

Exemple : Sur notre plus-value de 490 000 €, vous paierez 147 000 € d'impôts (490 000 € × 30%).

L'option pour le barème progressif : quand l'ancienneté paie

Vous pouvez renoncer au PFU et opter pour l'imposition au barème progressif de l'impôt sur le revenu. Dans ce cas, votre plus-value s'ajoute à vos autres revenus et est imposée selon votre tranche marginale d'imposition (de 0% à 45%).

Point crucial : Les 17,2% de prélèvements sociaux restent dus dans tous les cas.

L'atout décisif : les abattements pour durée de détention

Cette option présente un intérêt majeur si vous détenez vos titres depuis longtemps et qu'ils ont été acquis avant le 1er janvier 2018. Vous pouvez alors bénéficier d'abattements significatifs.

L'abattement de droit commun

Pour les titres acquis avant 2018, l'abattement progressif s'applique ainsi :

  • Moins de 2 ans de détention : 0%
  • De 2 à moins de 8 ans : 50% d'abattement
  • 8 ans et plus : 65% d'abattement

L'abattement renforcé pour les PME

Si votre entreprise remplit les critères de PME de moins de 10 ans lors de l'acquisition des titres, et que vous respectez certaines conditions (fonction de direction, engagement de conservation), l'abattement est encore plus généreux :

  • De 1 à moins de 4 ans : 50%
  • De 4 à moins de 8 ans : 65%
  • 8 ans et plus : 85% d'abattement

Attention : L'option pour le barème progressif est globale. Elle s'applique à l'ensemble de vos revenus de capitaux mobiliers de l'année (dividendes, intérêts, plus-values). Vous devez donc calculer l'impact sur votre fiscalité globale.

Exemple comparatif : PFU vs Barème progressif

Reprenons notre exemple avec une plus-value de 490 000 € sur des titres détenus depuis 10 ans (acquis en 2015).

Avec le PFU (30%) :

  • Impôt total : 490 000 € × 30% = 147 000 €

Avec l'option barème progressif et abattement de 65% :

  • Plus-value après abattement : 490 000 € × 35% = 171 500 €
  • Prélèvements sociaux (sur la totalité) : 490 000 € × 17,2% = 84 280 €
  • Impôt sur le revenu (TMI à 41% par exemple) : 171 500 € × 41% = 70 315 €
  • Impôt total : 154 595 €

Dans cet exemple, le PFU est légèrement plus avantageux. Mais si votre tranche marginale est inférieure (30% ou moins), ou si vous bénéficiez de l'abattement renforcé à 85%, l'option barème devient nettement plus intéressante.

Tableau comparatif : Que choisir ?

Tableau comparatif

Les 3 dispositifs d'optimisation fiscale incontournables

1. L'abattement fixe de 500 000 € pour départ à la retraite

C'est le dispositif le plus recherché par les dirigeants cédants. Il permet une exonération totale ou partielle de la plus-value, dans la limite de 500 000 €.

Les 5 conditions strictes à respecter :

  1. Fonction de direction effective : Vous devez avoir exercé une fonction de direction (gérant de SARL, président de SAS, directeur général, etc.) de manière continue pendant les 5 années précédant la cession.
  2. Durée de détention : Vous devez avoir détenu vos titres depuis au moins 1 an à la date de la cession (sous réserve de la date de création de la société).
  3. Participation minimale : Vous devez avoir détenu au moins 25% des droits de vote ou des droits dans les bénéfices sociaux, directement ou avec votre groupe familial.
  4. Cessation de fonction : Vous devez cesser toute fonction dans la société (mandat social et contrat de travail) et faire valoir vos droits à la retraite dans les 2 ans suivant ou précédant la cession.
  5. Première cession : C'est votre première cession bénéficiant de cet abattement (ou les cessions précédentes n'ont pas épuisé le plafond de 500 000 €).

Important : Cet abattement s'applique sur la plus-value avant tout autre abattement. Vous ne pouvez donc pas le cumuler avec les abattements pour durée de détention.

Exemple chiffré :

Vous vendez vos parts pour une plus-value de 480 000 € en partant à la retraite. Vous remplissez toutes les conditions.

  • Abattement départ à la retraite : 480 000 € (dans la limite de 500 000 €)
  • Plus-value taxable : 0 €
  • Impôt à payer : 0 €

Si votre plus-value était de 700 000 €, seuls 200 000 € (700 000 € – 500 000 €) seraient imposables au PFU ou au barème progressif.

2. Le mécanisme d'apport-cession (Article 150-0 B ter)

C'est l'optimisation avancée privilégiée par les cédants avertis. Elle permet de différer l'imposition de la plus-value en créant une structure holding.

Le principe en 3 étapes :

  1. Avant la vente, vous apportez vos titres à une société holding que vous contrôlez (SARL, SAS).
  2. C'est la holding qui vend ensuite les titres à l'acquéreur.
  3. La plus-value est mise en report d'imposition tant que vous conservez les titres de la holding.

La condition de réinvestissement cruciale :

Pour bénéficier du report, la holding doit réinvestir au moins 60% du produit de cession dans une activité économique (création, développement d'entreprise, prise de participation) dans un délai de 2 ans.

Les 40% restants peuvent être utilisés librement (versement de dividendes, remboursement de compte courant, etc.).

Avantages :

  • Report d'imposition tant que vous conservez les titres de la holding
  • Possibilité d'organiser votre patrimoine (préparation de transmission, diversification)
  • Optimisation globale de votre fiscalité à moyen terme

Inconvénients :

  • Nécessite une planification en amont (plusieurs mois avant la cession)
  • Obligation de réinvestissement contraignante
  • Complexité juridique et fiscale (accompagnement professionnel indispensable)

Schéma de l'opération :

AVANT :
Vous → Détention directe des titres de votre entreprise

ÉTAPE 1 (Apport) :
Vous → Holding (nouvelles actions)
Holding → Titres de votre entreprise (apport)

ÉTAPE 2 (Cession) :
Holding → Vente des titres → Acquéreur
(Plus-value en report d'imposition)

ÉTAPE 3 (Réinvestissement) :
Holding → Réinvestit 60% minimum sous 2 ans

3. Autres dispositifs d'exonération et particularités

L'exonération pour cession au sein du groupe familial

Dans certains cas spécifiques (pacte Dutreil par exemple), des transmissions familiales peuvent bénéficier d'exonérations partielles de droits de mutation. Ces dispositifs sont complexes et nécessitent une structuration anticipée.

La Contribution Exceptionnelle sur les Hauts Revenus (CEHR)

Si votre revenu fiscal de référence dépasse certains seuils (250 000 € pour une personne seule, 500 000 € pour un couple), une contribution additionnelle de 3% ou 4% peut s'ajouter. Cette contribution s'applique sur l'ensemble de vos revenus, y compris la plus-value de cession.

L'exonération des petites cessions

Si le montant total de vos cessions de titres n'excède pas 25 000 € dans l'année, vous êtes exonéré d'impôt (mais les prélèvements sociaux de 17,2% restent dus).

Les autres aspects fiscaux de la cession

Les droits d'enregistrement

Lors de la cession de parts sociales, des droits d'enregistrement de 3% sont dus (après un abattement de 23 000 € par part). Ces droits sont à la charge de l'acquéreur, mais leur existence peut influencer la négociation du prix.

Pour les cessions d'actions (SAS, SA), les droits sont réduits à 0,1%.

Le calendrier fiscal : quand déclarer et payer ?

Déclaration : La plus-value de cession doit être déclarée sur votre déclaration de revenus annuelle (formulaire 2042-C), l'année suivant la cession.

Paiement :

  • Si vous optez pour le PFU, un acompte de 12,8% peut être prélevé dès la cession par l'établissement teneur de compte (si les titres sont cotés) ou doit être versé lors de la déclaration.
  • Les prélèvements sociaux (17,2%) sont appelés lors de la déclaration de revenus.
  • Le solde est régularisé à l'automne suivant votre déclaration.

L'importance cruciale de l'anticipation

Pourquoi anticiper 2 à 3 ans avant la cession ?

La fiscalité de la cession d'entreprise n'est pas une question de dernière minute. Une stratégie fiscale optimale nécessite une préparation en amont pour :

  • Vérifier votre éligibilité aux abattements et exonérations
  • Structurer un apport-cession si pertinent
  • Optimiser votre rémunération et vos distributions les années précédant la cession
  • Anticiper votre départ à la retraite pour maximiser l'abattement de 500 000 €
  • Nettoyer la structure juridique et capitalistique de l'entreprise
  • Réaliser un diagnostic fiscal complet pour éviter les mauvaises surprises

Un diagnostic fiscal réalisé trop tardivement peut vous faire perdre des dizaines, voire des centaines de milliers d'euros.

FAQ : Vos questions sur la fiscalité de la vente d'entreprise

Quand dois-je payer l'impôt sur la plus-value de cession d'entreprise ?

L'impôt est payé l'année suivant la cession, lors du paiement de votre impôt sur le revenu (généralement à l'automne N+1). Un acompte de 12,8% peut être prélevé dès la cession dans certains cas.

Quelle est la différence entre la fiscalité de la vente d'un fonds de commerce et la vente de parts sociales ?

La vente de parts sociales est imposée directement entre vos mains (plus-value des particuliers, 30% ou barème progressif). La vente d'un fonds de commerce par la société génère une double imposition : au niveau de la société (IS) puis lors de la distribution aux associés.

Peut-on cumuler l'abattement pour durée de détention et l'abattement pour départ à la retraite ?

Non, ces deux dispositifs ne sont pas cumulables. L'abattement pour départ à la retraite (500 000 €) se substitue aux abattements pour durée de détention. En général, l'abattement départ à la retraite est plus avantageux.

Comment déclarer la plus-value de cession d'entreprise ?

La déclaration s'effectue sur le formulaire 2042-C (déclaration complémentaire de revenus), dans la section "Plus-values de cession de valeurs mobilières". Vous devez indiquer le montant de la plus-value, les abattements applicables et l'option fiscale choisie (PFU ou barème).

Le rachat de mes parts par la société elle-même est-il fiscalement intéressant ?

Le rachat de titres par la société (réduction de capital) peut être requalifié en distribution de dividendes si les conditions ne sont pas respectées. La fiscalité applicable serait alors celle des dividendes (PFU de 30% ou barème), sans possibilité de bénéficier des abattements pour durée de détention. Cette option nécessite une analyse juridique et fiscale approfondie.

Optimisez la fiscalité de votre cession : passez à l'action

La vente de votre entreprise représente probablement l'opération patrimoniale la plus importante de votre vie d'entrepreneur. Entre le PFU à 30%, les abattements pour durée de détention, l'exonération de 500 000 € pour départ à la retraite et le mécanisme d'apport-cession, le choix de la bonne stratégie fiscale peut vous faire économiser plusieurs centaines de milliers d'euros.

Chaque situation est unique. Votre âge, la date d'acquisition de vos titres, votre tranche marginale d'imposition, votre projet post-cession sont autant de paramètres qui influencent la stratégie optimale.

Ne laissez pas le fisc ponctionner inutilement le fruit de vos années de travail. Un diagnostic fiscal personnalisé, réalisé 2 à 3 ans avant la cession, vous permettra d'identifier toutes les opportunités d'optimisation et d'organiser sereinement votre opération.

Prêt à optimiser la fiscalité de votre cession ?

Prenez rendez-vous avec un expert-comptable ou un avocat fiscaliste spécialisé en transmission d'entreprise pour valider votre stratégie et sécuriser votre projet de cession.

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